Le potager bio, un acteur à part entière du processus éducatif

Sophie Dmitrieff (*) nous propose quelques lignes sur le rôle écopédagogique que tout potager bio peut jouer dans l’éducation.

Certains supposent que pour utiliser un potager bio comme ressource écopédagogique, il faut que cet espace consacré à la nature montre d’abord les fruits qu’il est capable de générer. Dans le cas, par exemple, des légumes feuilles, obtenir, au moment de la récolte, une belle laitue. Rien n’est plus éloigné de tout ce qu’un potager peut apporter dans le processus éducatif au sein des écoles.

Car un potager bio, c’est-à-dire un espace où l’on cultive, en accord avec les principes de l’agroécologie, des légumes, des plantes aromatiques et médicinales, est susceptible d’enrichir, depuis le moment même de sa conception, les séances et activités d’apprentissage, ainsi que les modules et projets, méthodes d’enseignement à disposition des enseignants, tant en maternelle que dans le primaire et le secondaire.

L’explication de ce fait majeur, selon la perspective d’Econtinuidad, se trouve dans le potentiel écopédagogique que chaque potager biologique apporte avec lui, au-delà de la taille et de la forme qu’il adopte finalement, ce qui fait de lui une puissante ressource au service d’une éducation répondant aux exigences de la phase de transition écologique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui au niveau planétaire.

Ce potentiel écopédagogique, nous le disons à Econtinuidad depuis plus de deux décennies, n’est rien d’autre que la traduction des multiples façons que chaque potager bio nous propose pour entrer en relation avec lui. Des voies à travers lesquelles la dynamique de vie du potager bio se projette dans le reste de l’espace qui lui a ouvert ses portes pour que, avec la participation de l’être humain, il prenne vie.

Nous nous référons aux douze fonctions qui font de chaque potager bio un espace à caractère pédagogique. En plus des deux fonctions qui viennent initialement à l’esprit quand on pense à un potager bio -l’agroécologique et, si la récolte de légumes, plantes aromatiques et médicinales devient une réalité, la nutritionnelle-, tout potager bio a dix fonctions additionnelles : éthique, créative, culturelle, cognitive, relationnelle, artistique, communicationnelle, thérapeutique, organisationnelle et pédagogique.

Un potager bio, comme en ont pris conscience les enseignants qui utilisent déjà cette nature en miniature de manière écopédagogique, peut enrichir, à travers ces douze fonctions, le contenu des matières scolaires dès l’instant initial du projet qui permettra, avec la participation proactive des membres de la communauté éducative, au potager biologique de voir la lumière.

Dans toutes les écoles où la décision de donner vie à un potager éducatif a été prise, il est indéniable qu’une prédisposition éthique a été mise en avant afin que la création du potager biologique puisse démarrer. Un processus qui interpelle cognitivement tous ceux qui participent à cette œuvre d’art en faveur d’une relation harmonieuse avec la nature.

La création d’un potager bio, il va sans dire, peut devenir un thème transversal dans le cadre d’une unité pédagogique dans n’importe quel niveau scolaire. La forme et la taille des plates-bandes du potager, la préparation des sols avec du compost et de l’humus, le calendrier d’irrigation, le roulement de ceux qui participeront à l’entretien de cette nature en miniature, entre autres tâches, peuvent jouer, dès le début, ce rôle enrichissant du processus éducatif.

Ainsi, à partir du moment où la communauté éducative assume l’engagement de donner vie à un potager éducatif et de l’entretenir, seul ou en synergie avec d’autres projets écologiques de l’école -valorisation des déchets organiques (compostage), écocitoyenneté (délégués écologiques), usage rationnel de l’eau et alimentation saine-, le potager biologique peut être mis au service d’une éducation intégrale.

(*) Sophie Dmitrieff est directrice d’Econtinuidad Perú et présidente d’Econtinuidad France

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